«Je ne vois pas comment ça peut repartir. Trois quarts d’heure d’arrêt toxique, c’est trop. Il faut arrêter. J’ai eu son fils.» Le chef du service de réanimation du Centre hospitalier d’Argenteuil marque une pause. L’équipe médicale de relève a compris. L’un des quinze patients Covid du pavillon Madeleine-Bres, un homme de 58 ans, admis le 7 novembre dans un état critique, est perdu. D’une voix monocorde, le docteur Gaëtan Plantefeve relate la succession infernale de défaillances organiques qui, depuis 3 heures du matin, tiennent les réanimateurs en haleine : bradycardie, embolie pulmonaire, hypoxémie sévère entraînant l’arrêt du cœur. En salle de transmission, personne ne réagit. Dans l’entre-deux-mondes aseptisé de la réanimation, un décès n’est pas un événement. Moins encore depuis ce printemps d’épidémie galopante dans les quartiers denses et paupérisés de la sous-préfecture du Val-d’Oise: sur la centaine d’intubés à l’hôpital d’Argenteuil entre mars et mai, une quarantaine a quitt
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